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TEXTE Supprimer la criminalité La ville de Washington ne connaît plus de criminalité en 2054 car les agents de l'organisation privée Précrime parviennent à interpeller les futurs criminels avant leur passage à l'acte, en utilisant trois précogs, des mutants capables de prévoir l'avenir. Des machines analysant leurs prédictions émettent régulièrement des cartes sur lesquelles sont inscrits les noms de ceux qui vont commettre un crime. L'État souhaite étendre ce programme à tout le pays et envoie le ministre de la Justice, Danny Witwer, demander à John Anderton, le chef de Précrime, de lui fournir des explications détaillées. Impressionné, Witwer alla s'immobiliser devant les machines, à l'autre bout de la pièce. Il ramassa une pile de cartes perforées que venait d'expul- ser une fente. «Ce sont des noms trouvés par le système ?» questionna-t-il. «Manifestement, oui. » Fronçant les sourcils, Anderton lui prit le paquet de cartes. «Je n'ai pas encore eu le temps de les examiner >», expli- qua-t-il en donnant à son irritation le masque de l'impatience. Fasciné, Witwer regarda la machine éjecter une nouvelle carte dans le plateau vide. Une deuxième suivit, puis une troisième. Une série de © disques bourdonnants éjectaient une carte après l'autre. «Les précogs doivent voir très loin dans l'avenir ! s'exclama Witwer. Non, leur spectre¹ est assez limité, rectifia Anderton. Une ou deux semaines au maximum. Une grande partie des données qu'ils nous fournissent ne nous sont d'aucune utilité parce qu'elles sont sansrapport avec nos recherches. Nous les communi- quons aux organismes intéressés, qui, à leur tour, nous en renvoient d'autres. [...]» Machinalement, Anderton ramassa les nouvelles 20 cartes éjectées par les appareils. «Il ne sera tenu aucun compte de certains de ces noms. Pour le reste, la plupart ne prédisent que des délits mineurs : vols, fraudes fiscales, agressions, chantages. Comme vous le savez certainement, Précrime a réduit la crimina- 25 lité de quatre-vingt-dix-neuf virgule huit pour cent. Le meurtre ou la trahison sont devenus très rares, puisque le coupable sait que nous allons l'enfer- mer en camp de détention une semaine avant qu'il puisse commettre son crime.- À quand remonte le dernier assassinat ? - Cinq ans, répondit fièrement Anderton. - Qu'est-ce qui l'a rendu possible? - Le criminel a échappé à nos équipes. Nous avions son nom, et même tous les détails du crime, 35 y compris l'identité de la victime. Nous connaissions 40 le moment et le lieu précis de l'acte de violence projeté. Mais le meurtrier a quand même accompli son forfait.» Anderton haussa les épaules. > Witwer retrouvait son assurance. << Il y a de quoi être fier. C'est un score impressionnant! - Mais j'en suis fier, dit calmement Anderton. Quand j'ai mis au point le principe de base, il y a trente ans - à l'époque où certains n'y voyaient que leur profit personnel en se concentrant exclusivement sur le marché 45 boursier -, j'ai entrevu tout l'intérêt légal de la chose, son immense valeur sociale. [...] Witwer déclara pensivement: «C'est une lourde responsabilité. - En effet. Si nous laissons un criminel s'échapper - comme il y a cinq ans -, nous avons la perte d'une vie humaine sur la conscience. Nous sommes seuls responsables. Une erreur de notre part et quelqu'un meurt. >> [La conversation se poursuit, Anderton reçoit de nouvelles cartes et jette un ceil sur l'une d'elles...] C'était son nom que révélait la carte. La ligne un l'accusait d'un meurtre encore à venir. À en croire les perforations, John A. Anderton, directeur de Précrime, allait tuer un homme avant une semaine. Avec une conviction absolue, il refusa d'y croire..Pensez vous qu'il est juste d'incarcérer des hommes qui n'ont pas encore commis de crime ou de délit au nom de la préservation de la vie ?Plus facile a comprendre et a lire 15-20 lignes​