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TEXTE SUPPORT 2: Le travail
On a fait du travail une punition et une déchéance. Le travail, un châtiment et la misère e notre
vie ! L'âge d'or de l'humanité, un temps de paresse et d'ignorance ! Je me révolte contre cette
double pensée. Mais c'est ne point travailler qui eut été le grand malheur de l'humanité; elle eut été
alors vraiment condamnée et à ne rien savoir, et à ne point inventer, et à n'exercer ni son esprit ni sa
volonté; et la privation d'une telle tâche régulière et utile, loin d'être l'occasion d'un plaisir
perpétuel, l'aurait privé de la haute et fine jouissance qui enveloppe le travail en cours et en sa fin. A
ceux qui nieraient la beauté morale de ce travail, je rappellerai les paroles de l'historien Augustin
Thierry qui, aveugle et souffrant sans espoir et sans relâche" trouvait en ses heures de labeur sa
suprême consolation.
Mais je repousse pareillement la théorie de ces optimistes modernes qui font du travail une
manière de plaisir. Il y a plaisir à faire et à finir sa tâche. Mais le métier lui-même, par l'effort qu'il
exige, par les doutes qu'il éveille est gros de peine et de fatigue. Cela est vrai non seulement de
l'ouvrier manuel penché sur l'enclume et l'établi, mais de l'artiste qui cherche une forme inédite ou
de l'historien qui cherche la vérité.
Douleur et joie se rencontre également dans la vie du travail, comme elles accompagnent la vie
de famille ou le patriotisme. Elles sont toutes à la fois la marque et la récompense de devoir qui nous
impose notre condition d'homme.
Car le travail est une nécessité. Je ne dis pas une nécessité matérielle, un devoir envers soi-
même. C'est ravaler le travail, rabaisser le métier ou la profession, que d'y voir une manière de
soutenir sa vie, disons le mot, de gagner de l'argent.
Que l'argent, ie gain, le salaire, soient indispensables à l'exercice d'une profession, cela va de
soi : l'homme de métier a droit à une rémunération en échange de ce qu'il fournit. Mais ce salaire si
important soit-il dans la vie d'un travailleur, n'est qu'un règlement de circonstance. La véritable
signification de l'acte de travail apparait dès qu'on examine son rapport avec l'ensemble des actes
humains, dès qu'on regarde l'homme de travail au milieu de la nation. Et je dis que le travail est une
nécessité sociale, un devoir envers sa patrie.
Le métier, la profession, c'est l'occupation habituelle d'un homme à l'effet d'être utile aux
autres hommes. Labourer son champ, c'est préparer du pain pour la nourriture de tous; extraire du
charbon, c'est préparer du feu pour le foyer de tous; étudier le passé, c'est préparer des vérités pour
l'enseignement de tous. Qui dit travail, dit service rendu. Quiconque travaille produit sa part possible
des choses nécessaires à la société. Car je ne me figure pas un laboureur qui ne sèmerait du blé que
pour lui-même, un mineur qui ne retirerait du charbon que pour sa famille, l'historien qui ne lirait les
documents que pour son instruction personnelle, Non ! La profession, telle que je la conçois, et la
mienne aussi bien que le plus manuel des métiers, la vie laborieuse, à côté du geste professionnel,
doit s'ouvrir au désir du bien de tous. Découvrir la vérité sur le passé et ne point la transmettre, c'est
manquer à son devoir d'homme. Vous qui, par vos forces, vos facultés, votre éducation, pouvez
donner à l'humanité du blé, du charbon, de la science, vous n'avez pas le droit de le lui refuser. Le
métier pour chacun de nous, c'est notre manière d'être un homme et de rendre des services
d'homme dans la société humaine.


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