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Il faut donner des points communs et des différences sur deux poèmes :

Poème 1 :

Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume
Cache un front inégal sous un cercle de brume,
L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.
Legrand bois jaunissant dore seul la colline :
On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,
Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt
Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
Là-bas, -tandis que seul je rêve à la fenêtre
Et que l'ombre s'amasse au fond du corridor, -
Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or !
Qu'elle vienne inspirer, ranimer, ô génie !
Mes chansons, comme un ciel d'automne rembrunies,
Et jeter dans mes yeux son magique reflet,
Et longtemps, s'éteignant en rumeurs étouffées,
Avec les mille tourds de ses plais de fées,
Brumeuses, denteler l'horizon violet !

Victor Hugo, "Rêverie", Les Orientales, 1828, Œuvres poétiques.

Poème 2 :

Celui qui regarde au dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fumée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil st toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. Par-delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchées sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, où plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte, à moi-même en pleurant. Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément. Et je couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même. Peut-être me direz-vous : " Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? " Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?

Charles Baudelaire, "Les Fenêtres", Petits poèmes en prose, 1869, Œuvres complètes, bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1975.

(je sais qu'il faut parler des allégories, j'espère que vous pourrez m'aider.)


Répondre :

Points communs entre les deux poèmes :

La fenêtre comme élément central : Les deux poèmes mettent en avant l'image de la fenêtre. Dans le poème de Victor Hugo, la fenêtre est une ouverture vers un rêve exotique, une échappatoire vers une vision mauresque. Chez Baudelaire, la fenêtre est le point de départ pour une réflexion profonde sur la vie, la souffrance et l'imagination.

La contemplation : Les deux poèmes partagent une dimension contemplative. Hugo contemple l'horizon à travers la fenêtre, rêvant à une cité mauresque. Baudelaire, quant à lui, observe la vie à travers une fenêtre éclairée, créant des histoires et des légendes sur les personnes qu'il voit.

L'interaction avec l'extérieur : Les deux poèmes explorent la relation entre l'observateur et le monde extérieur visible à travers la fenêtre. Il y a une curiosité et un désir d'évasion dans les deux poèmes, bien que dirigés vers des perspectives différentes.

Différences entre les deux poèmes :

Thème et tonalité : Victor Hugo aborde un thème plus romantique et exotique, évoquant une atmosphère de rêverie et de désir. Baudelaire, quant à lui, adopte une tonalité plus introspective et mélancolique, explorant la profondeur psychologique des individus observés.

Imagerie utilisée : Hugo utilise des images de coucher de soleil, de brume, de bois doré, évoquant une atmosphère automnale et orientale. Baudelaire se concentre sur des images plus sombres et intimes, évoquant une fenêtre éclairée par une chandelle, avec des vagues de toits en arrière-plan.

Approche narrative : Le poème de Victor Hugo adopte une approche plus narrative, avec une demande directe à un génie pour inspirer ses chansons. En revanche, Baudelaire propose une méditation plus subjective sur la vie et l'observation à travers la fenêtre, intégrant des éléments de prose poétique.

En résumé, bien que les deux poèmes partagent le motif de la fenêtre comme point central, ils explorent des thèmes, des images et des tonalités distincts, reflétant les préoccupations artistiques et philosophiques propres à Hugo et Baudelaire.