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« L’homme critique ne sait pas où il va ; il vogue à la dérive sur une mer elle-même critique.
La crise de l’homme critique s’appelle dépersonnalisation, fausse identité ou identité d’emprunt, sous-développement du rationnel »[2].
A travers cet extrait, nous comprenons très aisément le développement de M. Njoh-Mouelle qui part d’un constat simple ; ce qui est d’ailleurs le constat de bon nombre de philosophes africains contemporains. Ce constat est le suivant : l’Afrique n’est plus elle-même, et par là, les Africains ne sont plus vraiment Africains. Mais s’ils ne sont plus vraiment Africains, ils ne sont pas totalement l’Autre et la situation de l’homme africain d’aujourd’hui est cette situation de crise identitaire et culturelle. La question ici est : Qui suis-je ? Ou, s’il faut en croire M. Njoh-Mouelle, pour qui, en Afrique, l’affirmation de la personnalité se fait sous la tutelle d’un groupe : Qui sommes-nous ? Il faudrait peut-être ajouter à cette question l’expression « en réalité », de telle sorte que la recherche de notre soi soit clairement mise en évidence. Le problème de l’homme critique est donc un problème identitaire et sur ce point, nous pouvons affirmer que bon nombre d’Africains sont des hommes critiques car n’ayant pas rompu le cordon ombilical qui les lie avec l’Afrique traditionnelle, ils n’ont pas vraiment gouté des mamelles de la mégère occidentale qui réclame que le cordon soit coupé définitivement. Ce problème nous pousse inévitablement, et M. Njoh-Mouelle aussi, à parler de la culture, car ce choc, cette « crise » comme l’écrit M. Njoh-Mouelle, est une crise culturelle. L’auteur en convient p. 36 : « Il y a un manque aujourd’hui dans la culture africaine. On ne sait plus toujours avec certitude ce qu’il faut croire, ce qu’il ne faut pas croire ». En quoi est-ce que l’homme critique est médiocre ? Il faudrait peut être, pour répondre à cette question, se rappeler que la mise de l’homme sous développé selon M. Njoh-Mouelle est d’abord une misère objective, c’est-à-dire un manque de rationalité. C’est ce qu’il déplore en ces termes : « Le spectacle le plus affligeant en situation de sous-développement c’est celui de l’irrationalité dans le comportement de l’homme »[3] ; or l’irrationalité est grandement causée par l’ignorance qui, si on croit l’auteur « Va souvent de pair avec la superstition »[4]. L’homme critique est donc médiocre en ceci de fondamental qu’il ne sait pas ; il est en effet ignorant, et de sa situation (dans quelques cas seulement car les intellectuels que va décrire l’auteur sont parfaitement conscients de cette situation, mais sont en quelque sorte contraints à devenir critiques), et des moyens de se sortir de cette dernière. Mais s’il est ignorant, il est surtout ignorant de lui-même, d’où la pressante question : « qui suis-je ? ».
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