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mots).
Le féminisme est un mouvement social étonnant, toujours novateur.
Son histoire a tout au long de l'Histoire fait l'objet de transformations
particulières, au pays de Molière, dans tous les pays de l'Union européenne,
et même dans le monde entier. Il faut admettre que pour l'historien, la
question du féminisme est délicate car les mutations de ce mouvement sont
extrêmement pénibles à analyser. En effet, il est difficile de s'y retrouver;
d'une part, les féministes ont beaucoup souffert dans leur combat; d'autre
part, il faut tenir compte aussi de l'entremêlement de toutes les tendances
qui en forment les différentes branches.
Les discussions vont bon train, chez les historiens, pour s'accorder sur
la date à laquelle il convient de faire remonter ce type de féminisme
contestataire. On peut estimer que le mouvement naît au tournant du siècle
industriel, c'est-à-dire environ autour des années 1860 (principalement dans
la seconde moitié du siècle). L'apparition des revendications sociétales est, à
cette époque, caractéristique d'une époque troublée, lorsque le mot nait sous
la plume d'Alexandre Dumas puis sous celle d'Aubertine Auclert. On voit
donc que la littérature a pu jouer son rôle dans la diffusion de l'idée du
féminisme.
Hélas, il faut avouer que les luttes consacrées aux revendications
féminines, à partir de cette période, s'affrontent à un rempart de préjugés.
Ces préjugés, typiquement, masculins, ne font que renforcer l'ardeur et la
volonté manifestées par les femmes à vouloir imposer un point de vue
égalitaire sur une société de nature surtout patriarcale.
Quelles que soient leurs origines, les divers mouvements féministes
ont à cœur de conserver un souci d'équité dans le rapport entre les hommes
et les femmes. Ce facteur d'équité reste à l'évidence le point d'accroche qui
permet de comparer, de peser et puis de rapprocher la plupart des
mouvements féministes dispersés à travers le monde. Le fait que les
tendances puissent se réunir autour d'un objectif commun fait beaucoup
pour l'unité des associations féministes dispersées sur la planète. Toutes les
femmes aspirent à un plus grand respect de l'équilibre qui permet le rapport
entre les hommes et les femmes, à de meilleures protections professionnelles
et salariales.
Françoise Giroud, Le journal dne parisienne, le seuil, 1994