Bonjour,
Je n’arrive pas à faire un commentaire composé sur ce texte.
Voici la question posé : Quels liens le texte établit il entre l’homme et l’art?
La caverne de Lascaux, dans la vallée de la Vézère, à deux kilomètres de la
petite ville de Montignac, n'est pas seulement la plus belle, la plus riche des cavernes préhistoriques à peintures; c'est, à l'origine, le premier signe sensible qui nous soit parvenu de l'homme et de l'art.
Avant le Paléolithique supérieur, nous ne pouvons dire exactement qu'il s'agit de l'homme. Un être occupait les cavernes qui ressemblait en un sens à l'homme ; cet être en tout cas travaillait, il avait ce que la préhistoire appelle une industrie, des ateliers où l'on taillait la pierre. Mais jamais il ne fit « œuvre d'art ». Il ne l'aurait pas su, et d'ailleurs, apparemment, jamais il n'en eut le désir. La caverne de Lascaux, qui date sans doute, sinon des premiers temps, de la première partie de l'âge auquel la préhistoire donna le nom de Paléolithique supérieur, se situe dans ces conditions au commencement de l'humanité accomplie. Tout commencement suppose ce qui le précède, mais en un point le jour naît de la nuit, et ce dont la lumière, à Lascaux, nous parvient, est l'aurore de l'espèce humaine. C'est de l'« homme de Lascaux » qu'à coup sûr et la première fois, nous pouvons dire enfin que, faisant œuvre d'art, il nous ressemblait, qu'évidemment, c'était notre semblable. Il est facile de dire qu'il le fut imparfaitement. Bien des éléments lui ont fait défaut - mais ces éléments n'ont peut-être pas la portée que nous leur donnons: nous devons plutôt souligner le fait qu'il témoigna d'une vertu décisive, d'une vertu créatrice, qui n'est plus nécessaire
aujourd'hui.
Nous n'avons ajouté, malgré tout, que peu de choses aux biens que nos
prédécesseurs immédiats nous ont laissés: rien ne justifierait de notre part le sentiment d'être plus grands qu'ils ne furent. L'« homme de Lascaux » créa de rien ce monde de l'art, où commence la communication des esprits. L'« homme de Lascaux » communique même, de cette manière, avec la lointaine postérité que l'humanité présente est pour lui. L'humanité présente, à laquelle sont enfin parvenues, par une découverte d'hier, ces peintures que n'a pas altérées la durée interminable des temps.
Ce message, à nul autre pareil, appelle en nous le recueillement de l'être tout
entier. À Lascaux, ce qui, dans la profondeur de la terre, nous égare et nous transfigure est la vision du plus lointain. Ce message au surplus aggravé par une étrangeté inhumaine. Nous voyons à Lascaux une sorte de ronde, une cavalcade animale, se poursuivant sur les parois. Mais une telle animalité n'en est pas moins le premier signe pour nous, le signe aveugle, et pourtant le signe sensible de notre présence dans l'univers.
Georges Bataille, Lascaux, « Le miracle de Lascaux» (1955).
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