Vous commenterez ce texte extrait de L’Or de Blaise Cendrars. Vous pourrez vous inspirer du parcours de lecture suivant : - De quoi se compose le rêve de Suter ? - Dans quelle mesure cette obsession fait-elle de lui un aventurier ?
Dans cette œuvre, Cendrars raconte l’histoire du général Johann August Suter en mettant en avant ses aventures et plus précisément sa découverte de l’or en Californie, qui va le ruiner. Le chapitre évoque la fascination qui se développe chez le général Suter autour de la question des contrées de l’Ouest, cet endroit mystérieux qu’il cherche à découvrir à tout prix.
Un jour, il a une illumination. Tous, tous les voyageurs qui ont défilé chez lui, les menteurs, les bavards, les vantards, les hâbleurs , et même les plus taciturnes, tous ont employé un mot immense qui donne toute sa grandeur à leurs récits. Ceux qui en disent trop comme ceux qui n’en disent pas assez, les fanfarons, les peureux, les chasseurs, les outlaws , les trafiquants, les colons, les trappeurs, tous, tous, tous parlent de l’Ouest, ne parlent en somme que de l’Ouest.
L’Ouest.
Mot mystérieux.
Qu’est-ce que l’Ouest ?
Voici la notion qu’il en a.
De la vallée du Mississipi jusqu’au-delà des montagnes géantes, bien loin, bien loin, bien avant dans l’ouest, s’étendent des territoires immenses, des terres fertiles à l’infini, des steppes arides à l’infini. La prairie. La patrie des innombrables tribus peaux rouges et des grands troupeaux de bisons qui vont et viennent comme le flux de la mer.
Mais après, mais derrière ?
Il y a des récits d’Indiens qui parlent d’un pays enchanté, de villes d’or, de femmes qui n’ont qu’un sein. Même les trappeurs qui descendent du nord avec leur chargement de fourrures ont entendu parler sous leur haute latitude, de ces pays merveilleux de l’Ouest, où, disent-ils, les fruits sont d’or et d’argent.
L’Ouest ? Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi y a-t-il tant d’hommes qui s’y rendent et qui n’en reviennent jamais ? Ils sont tués par les Peaux Rouges ; mais celui qui passe outre ? Il meurt de soif ; mais celui qui traverse les déserts ? Il est arrêté par les montagnes ; mais celui qui franchit le col ? Où est-il ? Qu’a-t-il vu ? Pourquoi y a-t-il tant parmi ceux qui passent chez moi qui piquent directement au nord et qui, à peine dans la 25 solitude, obliquent brusquement à l’ouest ? La plupart vont à Santa Fé, cette colonie mexicaine avancée dans les montagnes Rocheuses, mais ce ne sont que de vulgaires marchands que le gain facile attire et qui ne s’occupent jamais de ce qu’il y a plus loin.
Johan August Suter est un homme d’action.
Il bazarde sa ferme et réalise tout son avoir. Il achète trois wagons couverts, les remplit de marchandises, monte à cheval armé du fusil à deux coups. Il s’adjoint à une compagnie de trente-cinq marchands qui se rendent à Santa Fé, à plus de 800 lieues. Mais l’affaire était mal montée, l’organisation peu sérieuse et ses compagnons, des vauriens qui s’égaillèrent rapidement. Aussi bien Suter y aurait tout perdu, car la saison était trop avancée, s’il ne s’était établi parmi les Indiens de ces territoires, aux extrêmes confins du monde civilisé, troquant et trafiquant.
Et c’est là, chez ces Indiens, qu’il apprend l’existence d’un autre pays, s’étendant encore beaucoup plus à l’ouest, bien au-delà des montagnes Rocheuses ; au-delà des vastes déserts de sable.
Enfin il en sait le nom.
La Californie.
Mais pour se rendre dans ce pays, il doit s’en retourner en Missouri. Il est hanté.
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