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Je voyais un chef-d'œuvre du meilleur temps de la statuaire. Ce qui me frappait surtout, c'était l'exquise vérité des formes, en sorte qu'on aurait pu les croire moulées sur nature, ssi la nature produisait d'aussi parfaits modèles. La chevelure, relevée sur le front, paraissait avoir été dorée autrefois. La tête, petite comme celle de presque toutes les statues grecques, était légèrement inclinée en avant. Quant à la figure, jamais je ne parviendrai à exprimer son caractère étrange, et dont le type ne se rapprochait de celui d'aucune statue antique dont il me souvienne. Ce n'était point cette beauté calme et sévère des sculpteurs grecs, s qui par système, donnaient à tous les traits une majestueuse immobilité. Ici, au contraire, j'observais avec surprise l'intention marquée de l'artiste de rendre la malice arrivant jusqu'à la méchanceté. Tous les traits étaient contractés très légèrement : les yeux un peu obliques, la bouche relevée des coins, les narines quelque peu gonflées. Dédain, ironie, cruauté, se lisaient sur De visage d'une incroyable beauté cependant. En vérité, plus on regardait cette admirable statue, et plus on éprouvait le sentiment pénible qu'une si merveilleuse beauté pút s'allier à l'absence de toute sensibilité. - Si le modèle a jamais existé, dis-je à M. de Peyrehorade, et je doute que le Ciel ait jamais produit une telle femme, que je plains ses amants | Elle a dû se complaire à les faire mouri de désespoir. Il y a dans son expression quelque chose de féroce, et pourtant je n'ai jamais vu rien de si beau. 35 C'est Vénus tout entière à sa proie attachée s'écria M. de Peyrehorade, satisfait de mom enthousiasme. Cette expression d'ironie infernale était augmentée peut-être par le contraste de ses yeux incrustés d'argent et très brillants ave- la patine d'un vert noirâtre que le temps avai donnée à toute la statue. Ces yeux brillant produisaient une certaine illusion qui rappelait ! réalité, la vie. Je me souviens de ce que m'avait dit mon guide, qu'elle faisait baisser les yeux ceux qui la regardaient. Cela était presque vra et je ne pus me défendre d'un mouvement d colère contre moi-même en me sentant un pe mal à mon aise devant cette figure de bronze Prosper Mérimée, La Vénus d'llle, 1845 1. art de faire des statues. 2 s'associer. 3. couleur que prennent des objets anciens avec le temps.

1. a. Que décrit le narrateur ?
b. Qu'est-ce qui caractérise l'objet décrit ?
2. a. Cet objet est-il présenté comme un objet ? Justifiez votre réponse en relevant les noms q permettent de répondre.
b. A quel champ lexical ces noms appartiennent-ils ?
3. Quel sentiment le narrateur éprouve-t-il ? Pourquoi ? Justifiez votre réponse.

Rédaction :A votre tour, racontez une rencontre avec un objet qui vous a mis mal à l'aise. Vous veillerez à employer un vocabulaire riche, à évoquer l'étrangeté de l'objet et vos réactions. ​


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