DM-commentaire de texte
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En respectant scrupuleusement les consignes et conseils prodigués durant la séance
supplémentaire portant sur le commentaire de texte, rendez le commentaire du texte suivant sur une
feuille bien présentée. Le travail est individuel.
C'était en effet la Clarimonde telle que je l'avais vue à l'église lors de mon ordination; elle
était aussi charmante, et la mort chez elle semblait une coquetterie de plus. La pâleur de ses joues, le
rose moins vif de ses lèvres, ses longs cils baissés et découpant leur frange brune sur cette blancheur,
lui donnaient une expression de chasteté mélancolique et de souffrance pensive d'une puissance de
séduction inexprimable; ses longs cheveux dénoués, où se trouvaient encore mêlées quelques
petites fleurs bleues, faisaient un oreiller à sa tête et protégeaient de leurs boucles la nudité de ses
épaules; ses belles mains, plus pures, plus diaphanes que des hosties, étaient croisées dans une
attitude de pieux repos et tacite prière, qui corrigeait ce qu'auraient pu avoir de trop séduisant,
même dans la mort, l'exquise rondeur et le poli d'ivoire de ses bras nus dont on n'avait pas ôté les
bracelets de perles. Je restai longtemps absorbé dans une muette contemplation, et, plus je la
regardais, moins je pouvais croire que la vie avait pour toujours abandonné ce beau corps. Je ne sais
si cela était une illusion ou un reflet de la rampe, mais on eût dit que le sang recommençait à circuler
sous cette mate pâleur; cependant elle était toujours de la plus parfaite immobilité. Je touchai
légèrement son bras; il était froid, mais pas plus froid pourtant que sa main le jour qu'elle avait
effleuré la mienne sous le portail de l'église. Je repris ma position, penchant ma figure sur la sienne
et laissant pleuvoir sur ses joues la tiède rosée de mes larmes. Ah I quel sentiment amer de désespoir
et d'impuissance I quelle agonie que cette veille I j'aurais voulu pouvoir ramasser ma vie en un
monceau pour la lui donner et souffler sur sa dépouille glacée la flamme qui me dévorait. La nuit
s'avançait, et, sentant approcher le moment de la séparation éternelle, je ne pus me refuser cette
triste et suprême douceur de déposer un baiser sur les lèvres mortes de celle qui avait eu tout mon
amour. O prodige I un léger souffle se mêla à mon souffle et la bouche de Clarimonde répondit à la
pression de la mienne; ses yeux s'ouvrirent et reprirent un peu d'éclat, elle fit un soupir, et,
décroisant ses bras, elle les passa derrière mon cou avec un air de ravissement ineffable. « Ah I c'est
toi, Romuald, dit-elle d'une voix languissante et douce comme les dernières vibrations d'une harpe;
que fais-tu donc ? Je t'ai attendu si longtemps, que je suis morte; mais maintenant nous sommes
fiancés, je pourrai te voir et aller chez toi. Adieu, Romuald, adieu I je t'aime ; c'est tout ce que je
voulais te dire, et je te rends la vie que tu as rappelée sur moi une minute avec ton baiser; à
bientôt. »
Sa tête retomba en arrière, mais elle m'entourait toujours de ses bras comme pour me
retenir. Un tourbillon de vent furieux défonça la fenêtre et entra dans la chambre; la dernière feuille
de la rose blanche palpita quelque temps comme une aile au bout de la tige, puis elle se détacha et
s'envola par la croisée ouverte, emportant avec elle l'âme de Clarimonde. La lampe s'éteignit, et je
tombai évanoui sur le sein de la belle morte.
Vous ferez le commentaire littéraire de ce texte en vous aidant des pistes suivantes :
- Une scène pathétique
-L'amour plus fort que la mort
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