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SEANCE 4
MOLIERE - DOM JUAN-TEXTE 2
Acte I, scène 2 - Éloge de l'inconstance
DOM JUAN : Quoi ? tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend,
qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne ? La belle
chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours
dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous
5 peuvent frapper les yeux ! Non, non: la constance n'est bonne que pour des ridicules;
toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première ne
doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos cœurs.
Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce
violence dont elle nous entraîne. J'ai beau être engagé, l'amour que j'ai pour une belle
10 n'engage point mon âme à faire injustice aux autres; je conserve des yeux pour voir le
mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous
oblige. Quoi qu'il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable ; et
dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous. Les
inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de
l'amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire, par cent
hommages, le cœur d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y
fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l'innocente pudeur
d'une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites
résistances qu'elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur et la
mener doucement où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu'on en est maître
une fois, il n'y a plus rien à dire ni rien à souhaiter; tout le beau de la passion est fini, et
nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour, si quelque objet nouveau ne
vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d'une
conquête à faire. Enfin il n'est rien de si doux que de triompher de la résistance d'une
25 belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent perpétuellement
de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n'est rien qui
puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs: je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et
comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y pouvoir étendre
mes conquêtes amoureuses.
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QUESTIONS
1. Comment Dom Juan en arrive-t-il à prononcer cette tirade? Bref, situez le texte.
2. Ligne 1 à 5. Comment Dom Juan discrédite-t-il la fidélité? Au moins deux éléments de
réponse.
3. Lignes 6 à 15. Montrez que Dom Juan parle en son nom, mais qu'il généralise aussi.
4. Ligne 15 à 20. Montrez que l'image que Dom Juan donne de lui-même est bien
différente de celle des lignes 6 à 15. C'est une question qui demande d'être attentif au
texte et de s'appuyer sur celui-ci.
5. Lignes 24 à 29. Relevez un champ lexical significatif. A quelle figure de style voit-on que
Dom juan est un être de la démesure, de l'hybris? Relevez deux exemples de cette figure
de style.
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