Bonjour , j'ai un devoir maison a rendre pour demain , j'espère que quelqu'un pourra m'aider ... Merci d'avance .
Voici le texte ;
Je pensai m'évanouir un jour, dans le train de Limoges, en feuilletant l'almanach Hachette: j'étais tombé sur une gravure à faire dresser les cheveux: un quai sous la lune, une longue pince rugueuse sortait de l'eau, accrochait un ivrogne, l'entraînait au fond du bassin. L'image illustrait un texte que je lus avidement et qui se terminait – ou presque – par ces mots: «Était-ce une hallucination d'alcoolique? L'Enfer s'était-il entrouvert?» J'eus peur de l'eau, peur des crabes et des arbres. Peur des livres surtout: je maudis les bourreaux qui peuplaient leurs récits de ces figures atroces. Pourtant je les imitai.
Il fallait, bien sûr, une occasion. Par exemple, la tombée du jour: l'ombre noyait la salle à manger, je poussais mon petit bureau contre la fenêtre, l'angoisse renaissait, la docilité de mes héros, immanquablement sublimes, méconnus et réhabilités, révélait leur inconsistance; alors ça venait: un être vertigineux me fascinait, invisible: pour le voir il fallait le décrire. Je terminai vivement l'aventure en cours, j'emmenai mes personnages en une tout autre région du globe, en général sous-marine ou souterraine, je me hâtai de les exposer à de nouveaux dangers: scaphandriers ou géologues improvisés, ils trouvaient la trace de l'Être, la suivaient et, tout à coup, le rencontraient. Ce qui venait alors sous ma plume – pieuvre aux yeux de feu, crustacé de vingt tonnes, araignée géante et qui parlait – c'était moi-même, monstre enfantin, c'était mon ennui de vivre, ma peur de mourir, ma fadeur et ma perversité. Je ne me reconnaissais pas: à peine enfantée, la créature immonde se dressait contre moi, contre mes courageux spéléologues, je craignais pour leur vie, mon cœur s'emballait, j'oubliais ma main, traçant les mots, je croyais les lire. Très souvent les choses en restaient là: je ne livrais pas les hommes à la Bête mais je ne les tirais pas non plus d'affaire; il suffisait, en somme, que je les eusse mis en contact; je me levais, j'allais à la cuisine, à la bibliothèque; le lendemain, je laissais une ou deux pages blanches et lançais mes personnages dans une nouvelle entreprise. Étranges «romans», toujours inachevés, toujours recommencés ou continués, comme on voudra, sous d'autres titres, bric-à-brac de contes noirs et d'aventures blanches, d'événements fantastiques et d'articles de dictionnaire; je les ai perdus et je me dis parfois que c'est dommage: si je m'étais avisé de les mettre sous clef, ils me livreraient toute mon enfance.
Voici les questions ;
1) Etapes de la création
2)Sentiments provoqués par l'écriture
3)Regard de l'adulte sur lui enfant et son écriture
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