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Document 10: Des manières de faire qui dépendent de la conception du corps selon le milieu social
On pourrait, à propos des classes populaires, parler de franc manger comme on parle de franc-parler. Le repas est placé sous le signe de l'abondance
(qui n'exclut pas les restrictions et les limites) et surtout de la liberté : on fait des plats « élastiques », qui « abondent », comme les soupes ou les
sauces, les pâtes ou les pommes de terre (presque toujours associées aux légumes) et qui servies à la louche ou à la cuillère, évitent d'avoir à trop
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populiare mesurer et compter à l'opposé de tout ce qui se découpe, comme les rôtis. Cette impression d'abondance, qui est de règle dans les occasions
extraordinaires et qui vaut toujours, dans les limites du possible pour les hommes, dont on remplit l'assiette deux fois (privilège qui marque l'accès
du garçon au statut d'homme), a souvent pour contrepartie, dans les occasions ordinaires, les restrictions que s'imposent le plus souvent les femmes
en prenant une part pour deux, ou en mangeant les restes de la veille. L'accès des jeunes filles au statut de femme se marquant au fait qu'elles
commencent à se priver. Il fait partie du statut d'homme de manger et de bien manger (et aussi de bien boire), en invoquant le principes qu'il ne
faut pas laisser », et le refus a quelque chose de suspect; le dimanche tandis que les femmes, toujours debout, s'affairent à servir et à débarrasser
la table et à laver la vaisselle, les hommes encore assis, continuent de boire et à manger.[...]
Au « franc manger» populaire, la bourgeoisie oppose le souci de manger dans les formes. Les formes ce sont d'abord les rythmes, qui impliquent
des attentes, des retards, des retenues; on n'a jamais l'air de se précipiter sur les plats, on attend que le dernier à se servir alt commencé à manger,
on se sert et ressert discrètement. On mange dans l'ordre et toute coexistence de mets que l'ordre sépare rôti et poisson, fromage et dessert est
exclue: par exemple avant de servir le dessert, on enlève tout ce qui reste sur la table, jusqu'à la salière, et balaie les miettes. Cette manière
d'introduire la rigueur de la règle jusque dans le quotidien [...] Elle est l'expression d'un habitus d'ordre, de tenue, et de retenue qui ne saurait
être abdique. [...] C'est une manière de nier la consommation dans sa signification et sa fonction primaires, essentiellement communes, en faisant
du repas une cérémonie sociale, une affirmation de tenue éthique et de raffinement esthétique. [...] Dans un cas la nourriture est revendiquée dans
sa vérité de substance nourrissante, qui tient au corps et qui donne de la force (ce qui incline à privilégier les nourritures lourdes, grasses et fortes,
dont le paradigme est le porc, gras et salé, antithèse du poisson, maigre, léger et fade); dans l'autre cas, la priorité donnée à la forme (du corps par
exemple) et aux formes porte à reléguer au second plan la recherche de la force et le souci de la substance et à reconnaltre la vraie liberté dans
l'ascèse élective d'une règle à soi-même prescrite.
Et montrer que deux visions du monde antagonistes, deux mondes, deux représentations de l'excellence humaine sont enfermées dans cette
matrice: la substance ou la matière. [...] C'est la réalité contre le toc.
Source: Pierre Bourdieu, La distinction, 1979, Éditions de Minuit
Questions:
1/ Qui est Pierre Bourdieu ?
2/ Quelles sont les caractéristiques d'un repas populaire et bourgeois? Complétez le tableau suivant.
Repas bourgeois
plain


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