haque jour, 365 jours par
année, elles sont là à se
Bestia (la bête) qui file à toute
vitesse en direction de l'Eldo-
nado étasunien. Elles, ce sont une
quinzaine de femmes de la loca-
lité de Cuadalupe-La Patrona,
dans la municipalité d'Amat-
lan de los Reyes. Depuis 1995.
elles consacrent leur temps et
leur énergie à nourrir et aider.
les migrants d'Amérique centrale
qui voyagent, au péril de leur vie,
sur le toit des monstres d'acier
et de fureur connus aussi sous le
nom de strains de la mort». Elles
ont pour prénoms Norma, Rosa,
Bernarda ou encore Toña, mais
tout le monde les connaît sous
le pseudonyme de Las Patronas
(les patronnes).
Matin après matin, elles cui-
sinent entre quinze et vingt kilos
de tortillas, de riz, de haricots
rouges qu'elles emballent dans des
sacs avec du bollino, une sorte
de pain offert par le boulanger du
village. Si La Bestia n'a pas d'ho-
raires, c'est à l'ouie que les Patro-
nas reconnaissent le rugissement
du train de marchandises. En
quelques secondes, elles empol-
gnent leurs brouettes débordant
de colis-repas et foncent sur la
petite route cabossée vers les rails.
Pas une minute à perdre. Elles ont
à peine le temps d'agiter les sacs
de provisions et les bouteilles d'eau
attachées entre elles que déjà les
passagers de fortune, accrochés
aux wagons, s'en saisissent dans
un fracas infernal. Un manège
dangereux tant pour les clandes-
tins que pour les bénévoles.
Une fois la distribution sau-
vage effectuée tant bien que mal,
les mères de famille regagnent leur
quartier général: une ancienne
fabrique d'huile transformée en
cuisine et agrandie, grâce à des
dons, pour héberger à court ou
à long terme les migrants de pas-
sage. A leur tour, ces pauvres hères
participent à la distribution quoti-
dienne pour leurs frères d'infortune
sur les trains et aux tâches ména-
gères. Certains travaillent même
dans les champs de canne à sucre,
abondante dans cette région, pour
gagner un peu d'argent.
Les huit premières années
furent les plus compliquées, me
confie Norma Romera Vázquez,
à l'origine de cette initiative soli-
daire. A l'époque, il était interdit
de venir en aide aux clandes-
tins sous peine d'être empri-
sonnées. Et nous n'avions pas
d'argent pour acheter suffisam-
ment de nourriture. Les temps
ont changé. Depuis, les efforts et
le dévouement de Norma et de
ses conscurs sont reconnus et
honorés. En 2013, les Patronas ont
reçu le Prix des droits de l'homme
de la Commission nationale des
droits de l'homme mexicaine et
le Prix national du volontariat et
de la solidarité du gouvernement
mexicain. Elles ont également été
nominées, après une campagne
de soutien, au Prix Princesse des
Asturies en 2015.
Me 2003/04 Sept mook
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