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Bonjour, je dois analyser ce texte mais je n’y arrive pas. Merci d’avance !

DON SALLUSTE, nonchalamment.
Et d'abord ce n'est pas de bonne compagnie
Cela sent son pédant et son petit génie
Que de faire sur tout un bruit démesuré.
Un méchant million, plus ou moins dévoré,
Voilà-t-il pas de quoi pousser des cris sinistres !
Mon cher, les grands seigneurs ne sont pas de vos culstres.
Ils vivent largement. Je parle sans phébus.
Le bel air que celui d'un redresseur d'abus
Toujours bouffi d'orgueil et rouge de colère !
Mais bah I vous voulez être un gaillard populaire.
Adoré des bourgeois et des marchands d'esteufs.
C'est fort drôle. Ayez donc des caprices plus neufs.
Les intérêts publics ? Songez d'abord aux vôtres.
Le salut de l'Espagne est un mot creux que d'autres
Feront sonner, mon cher, tout aussi bien que vous.
La popularité ? c'est la gloire en gros sous.
Roder, dogue aboyant, tout autour des gabelles ?
Charmant métier I je sais des postures plus belles.
Vertu ? foi ? probité ? C'est du clinquant déteint.
C'était usé déjà du temps de Charles-Quint.
Vous n'êtes pas un sot; faut-il qu'on vous guérisse
Du pathos ? Vous tétiez encor votre nourrice,
Que nous autres déjà nous avions sans pitié,
Galment, à coups d'épingle ou bien à coups de piè,
Crevant votre ballon au milieu des risées,
Fait sortir tout le vent de ces billevesées !
RUY BLAS
Mais pourtant, monseigneur...
DON SALLUSTE, avec un sourire glacé.
Vous êtes étonnant.
Occupons-nous d'objets sérieux, maintenant.
D'un ton bref et impérieux.
Vous m'attendrez demain toute la matinée,
Chez vous, dans la maison que je vous ai donnée.
La chose que je fais touche à l'événement.
Gardez pour nous servir les muets seulement.
Ayez dans le jardin, caché sous le feuillage,
Un carrosse attelé, tout prêt pour un voyage.
J'aurai soin des relais. Faites tout à mon gré.
Il vous faut de l'argent. Je vous en enverrai.