PREMIÈRE PARTIE : questions, réécriture, dictée (25 points) Toutes vos réponses devront être rédigées. Depuis que j'étais revenu librement dans ma cagna, j'étais réputé apprivoisé et Juvenet ne prenait plus le soin d'en fermer la porte que le soir, afin de me mettre à l'abri de toute agression nocturne. À l'appel de mon nom, je sortais de mon gourbil et je venais manger dans sa main les friandises dont il se privait pour moi. Ce soi-disant dressage n'accrur pas médiocrement la réputation de Juvenet. On venait de loin pour nous voir et les satisfactions d'amour propre que ma docilité procurait à mon professeur ne pouvaient qu'augmenter son attachement pour moi. 30 C'est dans les moments de crise qu'on juge un homme sur les champs de bataille les masques tombent et chacun montre son vrai visage. Cette épreuve ne manqua pas à notre amitié naissante. Voici dans quelles circonstances: C'était le soir même de la relève. À peine arrivé à la tranchée, Juvenet fut commandé de faction dans un trou d'obus où son escouade fournissait une sentinelle avancée. Bien que ce poste fût dit « d'écoute », Juvenet écarquillait les yeux plus qu'il ne tendait l'oreille, car, depuis la guerre, la finesse de son ouïe laissait beaucoup à désirer, phénomène qu'il attribuait autant à l'humidité des tranchées qu'à l'explosion des obus. Je me souviens que ce soir-là, après avoir guetté quelque temps en silence, mon maitre monologua tout haut comme il lui arrivait fréquemment quand nous étions seuls: il me prenait ainsi pour confident des pensées intimes qu'il taisait par pudeur devant tous les autres. «Neuf heures », disait-il en consultant sa montre phosphorescente, orgueil de son poignet, « les petits vont se coucher..., ils font la prière... pour moi.> Au bout d'un moment, il ajouta: « Peut-être bien qu'elle m'écrit ma lettre en ce moment... » Et comme un mouvement que je fi s avait attiré son attention : « Tiens, me promit-il, mon vieux Ferdinand, à ma prochaine permission, je t'emmènerai.... ça les amusera... Puis il ne dit plus rien parce qu'il pensait à sa permission. S Tout à coup, notre attention fut attirée par des vapeurs qui couraient au ras du sol, poussées vers nous par le vent. C'était comme une nappe de brouillard opaque et laiteuse, mais dont le clair de lune ne per- mettait pas de distinguer la coloration. Déjà, les premières volutes' qui grimpaient la pente ne paraissaient plus qu'à une centaine de mètres de nous. C'est alors que Juvenet montra qu'il joignait à la présence d'esprit la fi délité du cœur. De la main droite il appliqua son masque, mais il n'oublia pas de me saisir de la main gauche et il m'emporta en criant: « Les gaz! V'là les gaz ! » Pierre Chaine, Mémoires d'un Rat, chapitre III, p. 44-45.
1. Montrez, en expliquant et en justifiant, que le narrateur est un rat
2. Dans l'ensemble du texte, quels rôles joue le rat Ferdinand auprès de juvenet?
3. Quelle différence faites-vous entre le mot <<dressage>> et le mot <<docilité?
4. quel poste occupe juvenet le soir de la relève ? accomplit-il correctement sa fonction ?
5. <<mon maitre monologue tout haut que lui arrivait fréquemment quand nous étions seuls>> quelle est la nature grammaticale du mot << fréquemment>> expliquer sa fonction
6. pourquoi, selon vous,Juvenet ne confie-t-il pas ses pensé a ses camarades?
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