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Bonjour ,pouvait vous m’aider
Se texte fait 795 mot plus l’autre moitie pourrait vous mette en 179 mot svp

Je crois que la force de tout enseignement par rapport aux « événements qui font l'histoire du
monde » est d'imposer aux esprits un détour. Si l'on veut s'orienter convenablement, dans une
promenade au cours de laquelle on doit retrouver son chemin, il faut prendre, en pensée, du
recul. Il faut se retourner, voir d'où vient le chemin que l'on est en train de parcourir et où sont
les repères, recourir à une carte, sur laquelle le paysage confus, masqué de buissons et d'arbres,
d'ombres et de creux, se ramène à un tracé schématique, couvrant un horizon bien plus étendu
et qui soudain rend compte du paysage. Il en va de même dans les choses de l'esprit.
Complexe, notre société ? Ô combien ! Mais dans ce cas pour l'appréhender, pour la
comprendre, pour en comprendre les problèmes et les tendances, il faut précisément faire le
détour et apprendre à connaître d'autres sociétés plus simples. J'ai l'air en disant cela de
présenter, une fois de plus, un plaidoyer pour le grec et le latin. En un sens, c'est parfaitement
vrai. Je reste convaincue que l'on comprend mieux la collectivité qu'est l'État quand on connaît
la cité grecque, avec les dévouements qu'elle suscitait si largement et les crises qu'elle traversa
et surmonta, que l'on comprend mieux les relations entre les pays quand on a pratiqué la relation
toute simple qui s'établit au niveau de deux cités de régime politique différent et luttant pour la
suprématie', ou bien entre des cités grecques et un envahisseur barbare. Après tout, si l'on ne
cesse de découvrir, dans la littérature grecque, l'«< actualité » de tel passage ou de tel autre, cela
n'est point dû au hasard de situations qui se répéteraient, mais au fait que des situations simples,
analysées avec rigueur, fournissent divers schèmes d'interprétation susceptibles d'être
appliqués à des situations plus complexes. Je crois aussi que, dans l'ordre des conduites
humaines, les problèmes peuvent être posés avec une force accrue, lorsque se découvre, au
niveau de la famille ou de la cité, le premier exemple éclatant d'un dilemme humain : la mort
d'Antigone et la mort de Socrate aident à comprendre l'héroïsme et à le sentir dans sa simplicité
absolue. Je plaide donc bien pour le grec et le latin. Mais pas seulement. Je plaide pour tout ce
qui est lointain, différent, et pourtant humain. Je plaide pour la sociologie, je plaide pour
l'histoire, je plaide pour tout ce qui n'est pas notre temps, pour tout ce qui lui ressemble et en
diffère, pour tout ce qui nous donne, je le répète, du recul.
Et ce qui est vrai de la complexité du monde actuel l'est aussi pour le changement accéléré que
connaît aujourd'hui notre civilisation. On dirait que le progrès scientifique et technique s'est
emballé, que l'évolution sociale et les transformations morales se sont précipitées à un rythme
sans précédent. Ma petite maison de Provence devait être, il y a quarante ans, une maison tenue
pour confortable et moderne, voire raffinée. Or les jeunes qui y viennent croient un peu visiter