Bonjour vous les vous le contracter ce texte ?
Dans un monde où la recherche forcenée d'un plaisir vite consommé est devenue un prin-
cipe de vie, dans un monde où le droit à l'euphorie perpétuelle fait quasiment partie du
catalogue des avantages acquis, pourquoi donc l'école en particulier et l'apprentissage en
général échapperaient-ils à cette tendance majeure ? Apparent paradoxe, à mesure que
s l'échec scolaire se faisait plus évident s'est installée l'idée que le plaisir devait être consubs-
tantiel de toute démarche d'apprentissage. Cette consubstantialité a été présentée comme
la meilleure garantie du succès des apprentissages. A l'opposé, l'obscur labeur a été dénoncé
comme responsable de l'échec scolaire et de la désaffection des élèves.
L'idée d'apprendre sans souffrir exagérément et sans s'ennuyer prodigieusement ne
10 me paraît pas sans intérêt, mais faire du plaisir la condition sine qua non de toute démarche
d'apprentissage me paraît au moins exagéré et peut-être dangereux. On constate en effet
que l'affirmation du primat du plaisir a produit au cours de ces trente dernières années
des effets extrêmement pervers et a induit des pratiques qui, loin de lutter contre l'échec
scolaire, ont eu plutôt tendance à l'aggraver.//
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Au plaisir de lire
Considérons ce qu'a occasionné l'obsession pédagogique du plaisir dans l'apprentis-
sage de la lecture et voyons comment on a confondu le plaisir de lire avec le plaisir d'ap-
prendre à lire. Pour faire plaisir à un enfant, on fait semblant de croire -et on lui fait croire-
qu'il sait lire alors qu'il en est encore incapable. Ce n'est pas parce qu'il suit les lignes avec
20 son doigt en manifestant une grande attention aux mots de son texte qu'il le lit vraiment.
Non ! Il le connaît quasiment par coeur, et si un mot changeait, il ne s'en apercevrait vrai-
semblablement pas. Lire - faut-il le préciser, c'est être capable de reconnaître et de com-
prendre un mot que l'on n'a jamais rencontré auparavant et cette capacité exige que l'on
ait maîtrisé avec patience et parfois difficulté les mécanismes qui permettent au code écrit
25 de fonctionner. Rien n'est plus dangereux que de faire croire à un enfant qu'il sait lire alors
qu'il ne possède aucune autonomie de lecture.//l faut, au contraire, qu'il accepte le fait que
le plaisir de lire est au bout du chemin d'un apprentissage qui sera parfois aride, parfois
répétitif, mais qui lui donnera le pouvoir de conquérir tout seul le sens d'un texte. Pendant
ces trente dernières années, certains ont tenté de faire croire aux instituteurs du cours
30 préparatoire que le grand ennemi de la lecture était le déchiffrage : c'était, disait-on, parce
que l'on obligeait ces malheureux élèves à établir des liens entre les lettres qu'ils décou-
vraient et les sons qui leur correspondaient que certains en restaient au stade de l'ânon-
nement besogneux privé de sens. Autrement dit, c'est parce que l'on différait le plaisir de
comprendre tout de suite en les obligeant à dominer d'abord les mécanismes de la lecture
35 que l'on faisait de ces enfants de futurs illettrés.
Lors de l'apprentissage de la lecture, apprendre à associer les lettres ou groupes de
lettres aux sons qui leur correspondent dans la langue orale constitue un savoir-faire néces-
saire, car c'est ce qui permet à un enfant de pouvoir identifier un mot qu'il n'a encore jamais
lu. A six ans, quand il arrive au cours préparatoire, un enfant possède dans sa tête un réper-
40 toire de quelque 8 à 900 mots oraux. Cela lui permet, lorsque vous lui parlez, de reconnaître
<< le bruit d'un mot » et d'en comprendre le sens en interrogeant son dictionnaire mental.
La connaissance des correspondances entre lettres et sons va lui permettre de se servir de
ce même dictionnaire de mots oraux en « traduisant » en sons ce qu'il découvre en lettres.
Il faut savoir que, dans tout texte français écrit, un lecteur peut établir, sans risque de se
45 tromper, les relations de 85 % des lettres avec les sons qui lui correspondent respective-
ment. Le français, de ce point de vue, est donc une langue beaucoup plus régulière qu'on
ne le prétend. Faudrait-il préférer le plaisir immédiat d'une parodie de lecture et priver un
enfant de la maîtrise d'un instrument de véritable autonomie ? Contracte moi ce texte avec 170 mots
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