En théorie, une révolution se définit comme une libération. Or les révolutions du xx* siècle semblent, sinon des révolutions d'asservissement, du moins des révolutions d'autorité [...]. L'Allemagne est soumise à une autorité poussée à l'extrême, mais cette autorité est suspendue à un principe proprement magique, la vocation du Führer' [...]. En économie, le phénomène révolutionnaire est tout aussi frappant. On a conservé les entrepreneurs, mais on a supprimé ce qui est la justification de l'entrepreneur capitaliste, à savoir l'initiative [...). Dans l'ordre des idées, toutes les vertus anciennes : le respect de la personne, le respect de l'esprit, de l'autonomie personnelle ont été volontairement rejetées par le régime nouveau. Les vertus que le régime cultive sont essentiellement des vertus à caractère militaire, des vertus d'action, d'ascétisme', de dévouement.
(...) L'opposition des régimes totalitaires au régime communiste est de différents ordres. À l'origine, les régimes totalitaires invoquent le péril communiste pour convaincre les masses : ils prétendent sauver le pays du « chaos communiste » [...]. Je crois que l'opposition au régime communiste est tout à fait authentique en ce sens qu'il s'agit d'un rival. Il apparait comme l'autre solution possible à un problème, comme l'autre issue d'une même évolution. [...]
Raymond Aron, discours devant la Société française de philosophie, 17 juin 1939.
1. Dirigeant, chef, guide; nom donné à Hitler.
2. Mode de vie austère.
1) Présentez le document.
2) Relevez les critères permettant de caractériser un régime totalitaire.
3) Dans ce texte, quel totalitarisme l'auteur ne semble pas considérer comme tel ?
4) Expliquez pourquoi il a tort.