CORNEILLE, Cinna, IV, 2, v1130-1176, 1642 Scène 2: Auguste AUGUSTE [...]Rentre en toi-même, Octave, et cesse de te plaindre. Quoi ! Tu veux qu'on t'épargne, et n'as rien épargné ! Songe aux fleuves de sang où ton bras s'est baigné, De combien ont rougi les champs de Macédoine¹, Combien en a versé la défaite d'Antoine², Combien celle de Sexte³, et revois tout d'un temps Pérouse¹ au sien noyée, et tous ses habitants ; Remets dans ton esprit, après tant de carnages, De tes proscriptions les sanglantes images, Où toi-même, des tiens devenu le bourreau, Au sein de ton tuteur enfonça le couteau : Et puis ose accuser le destin d'injustice, Quand tu vois que les tiens s'arment pour ton supplice, Et que, par ton exemple à ta perte guidés, Ils violent des droits que tu n'as pas gardés ! Leur trahison est juste, et le ciel l'autorise : Quitte ta dignité comme tu l'as acquise ; Rends un sang infidèle à l'infidélité, Et souffre des ingrats après l'avoir été. Mais que mon jugement au besoin m'abandonne ! Quelle fureur', Cinna, m'accuse et te pardonne ? Toi, dont la trahison me force à retenir Ce pouvoir souverain dont tu me veux punir, Me traite en criminel, et fait seule mon crime, Relève pour l'abattre un trône illégitime, Et, d'un zèle effronté couvrant son attentat, S'oppose, pour me perdre, au bonheur de l'Etat ! ¹Evocation des guerres civiles: bataille de Philippes, ville de Macédoine, où Antoine et Octave écrasèrent en 42 av.J.-C les meurtriers de César, Brutus et Cassius. 2A la bataille d 'Actium, en 31 av.J.-C. Sextus Pompée, fils du grand Pompée, fut battu sur mer au large de Nauloque, sur la côte orientale de Sicile, en 36 av.J.-C, par Agrippa, ami d'Octave. "Ville d'Italie où s'était réfugié le frère d'Antoine. Auguste l'assiégea et la brûla en 40 av.J.-C SA l'époque du triumvirat d'Octave, d'Antoine et de Lépide. Toranius, père d'Emilie. Folie. Donc jusqu'à l'oublier je pourrais me contraindre ! Tu vivrais en repos après m'avoir fait craindre ! Non, non, je me trahis moi-même d'y penser : Qui pardonne aisément invite à l'offenser; Punissons l'assassin, proscrivons les complices. Mais quoi ? toujours du sang, et toujours des supplice Ma cruauté se lasse, et ne peut s'arrêter ; Je veux me faire craindre et ne fais qu'irriter. Rome a pour ma ruine une hydre trop fertile³: Une tête coupée en fait renaître mille, Et le sang répandu de mille conjurés Rends mes jours plus maudits, et non plus assurés. Octave, n'attends plus le coup d'un nouveau Brute' ; Meurs, et dérobe-lui la gloire de ta chute; Meurs : tu ferais pour vivre un lâche et vain effort, Si tant de gens de cœur ¹0 font des vœux pour ta mort, Et si tout ce que Rome a d'illustre jeunesse Pour te faire périr tour à tour s'intéresse ; Meurs, puisque c'est un mal que tu ne peux guérir ; Meurs enfin, puisqu'il faut ou tout perdre¹¹, ou mourir Serpent fabuleux, l'hydre de Lerne possédait sept têtes qui repous au fur et à mesure qu'on les coupait. "Meurtriers de César. 10 si tant d'hommes courageux font des vœux pour ta mort. 11 Tout faire périr afin de conserver le pouvoir.
en quoi le discours d'Auguste s'apparente à un discours judiciaire ? j'ai besoin svp :)
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