Le collège. Il donnait, comme tous les collèges, comme toutes les prisons, sur
une rue obscure, mais qui n'était pas loin du Martouret, le Martouret, notre grande place,
où étaient la mairie, le marché aux fruits, le marché aux fleurs, le rendez-vous de tous les
polissons, la gaieté de la ville. Puis le bout de cette rue était bruyant, il y avait des
5 cabarets, < des bouchons, » comme on disait, avec un trognon d'arbre, un paquet de
branches, pour servir d'enseigne. Il sortait de ces bouchons un bruit de querelles, un goût
de vin qui me montait au cerveau, m'irritait les sens et me faisait plus joyeux et plus fort.
Ce goût de vin ! la bonne odeur des caves! -j'en ai encore le nez qui bat et la poitrine
qui se gonfle.
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Dans son roman autobiographique L'Enfant, Jules Vallès présente au lecteur son
enfance difficile dans une famille peu aimante et ses années d'études peu épanouissantes.
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Les buveurs faisaient tapage; ils avaient l'air sans souci, bons vivants, avec des
rubans à leur fouet et des agréments pleins leur blouse - ils criaient, topaient en jurant,
pour des ventes de cochons ou de vaches.
Encore un bouchon qui saute, un rire qui éclate, et les bouteilles trinquent du
ventre dans les doigts du cabaretier ! Le soleil jette de l'or dans les verres, il allume un
15 bouton sur cette veste, il cuit un tas de mouches dans ce coin. Le cabaret crie, embaume,
empeste, fume et bourdonne.
À deux minutes de là, le collège moisit, sue l'ennui et pue l'encre ; les gens qui
entrent, ceux qui sortent, éteignent leur regard, leur voix, leur pas, pour ne pas blesser la
discipline, troubler le silence, déranger l'étude.
Quelle odeur de vieux !...
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