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Aidez moi s'il vous FAITEZ UN COMMENTAIRE COMPOSÉ DE cet extrait MAXIME 795 Vous me semblez pensif. CINNA Ce n'est pas sans sujet. MAXIME Puis-je d'un tel chagrin savoir quel est l'objet ? CINNA Émilie et César, l'un et l'autre me gêne : L'un me semble trop bon, l'autre trop inhumaine. Plût aux dieux que César employât mieux ses soins, 800 Et s'en fît plus aimer, ou m'aimât un peu moins ; Que sa bonté touchât la beauté qui me charme, Et la pût adoucir comme elle me désarme ! Je sens au fond du cœur mille remords cuisants Qui rendent à mes yeux tous ses bienfaits présents ; 805 Cette faveur si pleine, et si mal reconnue, Par un mortel reproche à tous moments me tue. Il me semble surtout incessamment le voir Déposer en nos mains son absolu pouvoir, Écouter nos avis, m'applaudir et me dire : 810 « Cinna, par vos conseils, je retiendrai l'empire, Mais je le retiendrai pour vous en faire part. » Et je puis dans son sein enfoncer un poignard ! Ah ! Plutôt... Mais, hélas ! J'idolâtre Émilie ; Un serment exécrable à sa haine me lie ; 815 L'horreur qu'elle a de lui me le rend odieux : Des deux côtés j'offense et ma gloire et les dieux ; Je deviens sacrilège, ou je suis parricide, Et vers l'un ou vers l'autre il faut être perfide. MAXIME Vous n'aviez point tantôt ces agitations ; 820 Vous paraissiez plus ferme en vos intentions ; Vous ne sentiez au cœur ni remords, ni reproche. CINNA On ne les sent aussi que quand le coup approche, Et l'on ne reconnaît de semblables forfaits Que quand la main s'apprête à venir aux effets. 825 L'âme, de son dessein jusque-là possédée, S'attache aveuglément à sa première idée ; Mais alors quel esprit n'en devient point troublé ? Ou plutôt quel esprit n'en est point accablé ? Je crois que Brute même, à tel point qu'on le prise, 830 Voulut plus d'une fois rompre son entreprise, Qu'avant que de frapper elle lui fit sentir Plus d'un remords en l'âme, et plus d'un repentir. MAXIME Il eut trop de vertu pour tant d'inquiétude, Il ne soupçonna point sa main d'ingratitude, 835 Et fut contre un tyran d'autant plus animé Qu'il en reçut de biens et qu'il s'en vit aimé. Comme vous l'imitez, faites la même chose, Et formez vos remords d'une plus juste cause, De vos lâches conseils, qui seuls ont arrêté 840 Le bonheur renaissant de notre liberté. C'est vous seul aujourd'hui qui nous l'avez ôtée ; De la main de César Brute l'eût acceptée, Et n'eût jamais souffert qu'un intérêt léger De vengeance ou d'amour l'eût remise en danger. 845 N'écoutez plus la voix d'un tyran qui vous aime, Et vous veut faire part de son pouvoir suprême ; Mais entendez crier Rome à votre côté : « Rends-moi, rends-moi, Cinna, ce que tu m'as ôté ; Et, si tu m'as tantôt préféré ta maîtresse, 850 Ne me préfère pas le tyran qui m'oppresse. » CINNA Ami, n'accable plus un esprit malheureux Qui ne forme qu'en lâche un dessein généreux. Envers nos citoyens je sais quelle est ma faute, Et leur rendrai bientôt tout ce que je leur ôte ; 855 Mais pardonne aux abois d'une vieille amitié Qui ne peut expirer sans me faire pitié, Et laisse-moi, de grâce, attendant Émilie, Donner un libre cours à ma mélancolie : Mon chagrin t'importune, et le trouble où je suis 860 Veut de la solitude à calmer tant d'ennuis. MAXIME Vous voulez rendre compte à l'objet qui vous blesse De la bonté d'Octave et de votre faiblesse ; L'entretien des amants veut un entier secret. Adieu. Je me retire en confident discret.​

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